"Il serait faux de croire que la jeunesse ne peut pas être touchée par le sujet de la fin de vie"
Par Baptiste Bezault.
À l'initiative de Baptiste Bezault, président des Jeunes radicaux, près d'une centaine de jeunes engagés en politique demandent au gouvernement une loi permettant à chacun d'avoir le choix libre et éclairé de choisir sa propre mort.
Pour nous, pour nos familles et pour nos proches, la liberté de choisir sa fin de vie et d’avoir la garantie d'une mort digne et sans souffrance ne peut pas attendre. Il est urgent de légiférer afin de permettre à chacun de pouvoir partir décemment, lorsque la vie n'est plus qu'une souffrance irréversible. Il serait faux de croire que la jeunesse ne peut pas être touchée par le sujet de la fin de vie. Pour ne citer que deux exemples, c’est à la suite d’accidents de la route qu’à 19 ans et 31 ans, Vincent Humbert et Vincent Lambert se sont retrouvés dans un état de paralysie très avancé pour le premier, et un état végétatif pour le second.
La sédation profonde et continue inscrite dans la loi Claeys-Léonetti de 2016 n’est pas une approche thérapeutique aujourd’hui accessible dans tous les cas, comme pour les patients atteints de la maladie de Charcot. D’autre part, la législation actuelle ne prévoit rien pour abréger les souffrances des patients en cas de sédation profonde. Si certains patients décèdent au bout de quelques heures, pour d’autres, cela peut durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Pour Vincent Lambert, la première sédation profonde a duré 31 jours, jusqu’à ce qu’une décision de justice ordonne l’arrêt de la procédure.
FAIRE PREUVE DE COURAGE
Alors qu’un quart des départements français ne disposent pas d’unité de soins palliatifs, il est nécessaire d'universaliser ces soins sur l’ensemble de notre territoire. En complément, et afin que chacun puisse avoir le choix libre et éclairé de choisir sa propre mort, l’accès à une aide active à mourir doit être légalisé. Cela ne peut se faire que par une loi ambitieuse et complète qui, pour être acceptée de tous, nécessite un débat public de qualité. Un débat qui doit être mené par les parlementaires, les associations et les citoyens. Il est toutefois primordial que ce débat mené au sein de notre République laïque ne soit pas gangrené par une idéologie religieuse voulant interférer avec le pouvoir politique.
« La France a longtemps été à l’avant-garde en matière de droits de l’Homme et de libertés individuelles. »
Une nouvelle loi de fin de vie doit permettre d'encadrer strictement, dans des conditions claires, l'aide active à mourir pour des patients atteints de maladies incurables. Cette loi devra alors permettre aux patients, ainsi qu’à leurs proches, d'être accompagnés dans ce processus par des personnes compétentes qui s'assureront d'un consentement libre et éclairé mais elle doit aussi donner aux soignants la possibilité d'exercer une clause de conscience, comme cela est déjà le cas pour l’interruption volontaire de grossesse.
La France a longtemps été à l’avant-garde en matière de droits de l’homme et de libertés individuelles. Il est de son devoir de le rester. Quand l'Espagne a le courage politique de voter une telle loi, il est légitime de se demander pourquoi pas la France ? Quand la Suisse a voté une telle loi, pourquoi la France ne le fait-elle pas ? Hésitons-nous par manque de courage politique, ou par soumission aux lobbies de la souffrance ?
UNE LOI RÉPUBLICAINE
Ne pas choisir sa mort relève d’une rupture avec notre triptyque républicain Liberté, Égalité, Fraternité. Rupture de liberté, car aujourd’hui, choisir sa fin de vie n’est pas possible pour tous les citoyens. Rupture d’égalité, car la législation actuelle permet à certaines personnes disposant des moyens financiers nécessaires de choisir leur fin de vie. Rupture de fraternité, car la situation actuelle contraint des femmes et des hommes à aller chercher de l'aide à l'étranger. Elle contraint des familles entières à faire parfois plusieurs centaines de kilomètres pour accompagner leurs proches dans leur dernière épreuve.
« En France, la dignité ne se mendie pas. »
Si nous, la jeunesse, prenons notre plume aujourd'hui, c'est parce que nous croyons aux valeurs de notre République. Nous avons confiance en elle et en sa capacité à apporter le meilleur pour notre pays et les Français. En France, la dignité ne se mendie pas.